INSUFFISANCE OSSEUSE – PREMIÈRE PARTIE : L’OSTÉOPOROSE

Comme pour tous les organes et systèmes du corps humain, de même qu’on parle d’insuffisance cardiaque, respiratoire, rénale, hépatique…, de même aussi il existe une insuffisance osseuse. Certains parlent de fragilité osseuse. Dans tous les cas, insuffisance ou fragilité osseuse se manifestent par une fracture spontanée ou faisant suite à un traumatisme minime tel que le simple fait de tomber de sa hauteur ou lors d’un faux-mouvement.

Un peu de terminologie concernant les fractures hors traumatisme réel:

  1. Les fractures de contrainte encore appelées fractures de stress qui regroupent :
    1. Les fractures de fatigue survenant sur un os sain soumis à des microtraumatismes répétés tels une longue marche ou le sport intense. Il s’agit d’un véritable surmenage osseux. Elles sont souvent invisibles à la radio simple initialement. Elles apparaissent souvent chez le sujet jeune et aux métatarsiens. Il n’y a ni insuffisance ni fragilité osseuse dans l’absolu.
    2. Les fractures survenant suite à un traumatisme minime sur un os fragilisé par une pathologie pré existante (ostéoporose, corticothérapie, polyarthrite rhumatoïde…). Elles sont également généralement invisibles à la radio simple. Elles surviennent souvent chez le sujet âgé au niveau du bassin ou de la colonne vertébrale.
  2. Les fractures pathologiques survenant sur un os « rongé » par une tumeur qu’elle soit bénigne ou maligne le plus souvent (métastases cancéreuses). On devrait parler plutôt de fracture tumorale pour éviter cette sorte de redondance jargonneuse que constitue la locution « fracture pathologique », toute fracture étant une pathologie par définition. Elle confine d’ailleurs à une équivoque avec la deuxième catégorie de fracture de contrainte.

Dans les deux derniers cas, il y a insuffisance osseuse.

Dans cette première partie, nous traiterons de l’ostéoporose. Dans une deuxième partie, nous parlerons des autres causes d’insuffisance osseuse, puis du traitement.

L’OSTÉOPOROSE

L’ostéoporose est une maladie caractérisée par une diminution de la masse et de la densité osseuses ainsi qu’une désorganisation de la micro-architecture osseuse normale. Il s’agit d’une insuffisance osseuse quantitative et qualitative. C’est un véritable enjeu de santé publique dans plusieurs pays notamment du Nord, les coûts et morbidités engendrés par les fractures ostéoporotiques étant colossaux.

Rappelons que le capital osseux d’une personne est définitivement acquis à la fin de la croissance soit entre 20 et 25 ans. Dès lors, n’y a plus d’accroissement possible au-delà. L’os est une matière vivante qui se remanie constamment et on estime que tous les 10 ans le squelette est entièrement renouvelé grâce à un phénomène de résorption et de production continuel par le couple cellulaire ostéoclastes / ostéoblastes. Une fois le pic de capital osseux atteint, il s’en suit une décroissance progressive de 1 à 2% par an dans les deux sexes avec chez la femme un décrochage significatif à la ménopause autour de 50 ans.

De ce qui précède, il faut retenir que la prévention de l’ostéoporose à l’âge avancé débute dès la naissance et que nous ne sommes pas égaux devant cette maladie selon la supplémentation vitamino-calcique ou la latitude de vie de nos 20 premières années. En effet le rôle bénéfique de l’ensoleillement sur le système osseux n’est plus à démontrer. Un capital de départ faible ainsi que les « accidents de parcours » dans la vie sont les éléments déterminants dans la survenue d’une ostéoporose dans nos vieux jours.

Précisons que l’ostéoporose n’est pas l’apanage de la femme ménopausée même si c’est la première cause. L’homme âgé peut être également touché. Les autres causes sont : les traitements prolongés par cortisone, hypogonadisme par ablation des testicules ou des ovaires, hyperparathyroïdie, hyperthyroïdie, hypercorticisme (syndrome de Cushing), hémochromatose (surcharge en fer), la malabsorption intestinale par intolérance au gluten…et puis le cas anecdotique des séjours dans l’espace.

Diagnostic de l’ostéoporose quelle que soit la cause

Cela va bientôt faire un quart de siècle que l’OMS, Organisation Mondiale de la Santé a établi une définition métrologique de l’ostéoporose par la mesure de la densité minérale osseuse (DMO). Cela correspond à ce qu’on appelle ostéodensitométrie. Deux types de scores existent à savoir d’une part l’écart entre la valeur mesurée chez le sujet et la valeur moyenne des sujets du même âge et du même sexe (c’est de Z score) et d’autre part l’écart entre la valeur mesurée chez le sujet et la valeur moyenne des adultes jeunes du même sexe (c’est le T score). C’est ce dernier qui est utilisé. Les mesures se font aux vertèbres lombaires, aux hanches et aux poignets.

Une remarque s’impose. C’est que ces mesures ne tiennent pas compte des zones géographiques de la planète. Or il va sans dire que le capital osseux au cours de la vie n’est pas identique selon que l’on soit blanc vivant dans l’hémisphère nord ou noir vivant près de l’équateur.

Cette précaution étant énoncée, l’état osseux d’un sujet selon l’OMS est le suivant :

T-score > – 1 : densité normale

T-score compris entre -1 et -2,5 : ostéopénie (manque d’os)

T-score ≤ – 2,5 : ostéoporose

T-score ≤ – 2,5 avec une ou plusieurs fractures : ostéoporose sévère.

Cette mesure de la densité minérale osseuse n’est pas un examen systématique. Sa prise en charge par la sécurité sociale en France par exemple n’est que récente et ce dans des cas bien précis : lorsqu’une fracture réputée ostéoporotique survient (tassement vertébral, fracture du col du fémur, fracture du poignet) ou chez une personne ayant des facteurs de risque que voici :

  • Age supérieur à 65 ans
  • Antécédents familiaux d’ostéoporose, de fracture de col du fémur
  • Faible indice de masse corporel (inférieur à 19kg/m²)
  • Ménopause avant 40 ans et des longues périodes d’aménorrhée dans la vie
  • Carence vitamino-calcique
  • Inactivité physique
  • Alcoolo-tabagisme
  • Corticothérapie ancienne
  • Traitement par Gardénal
  • Héparinothérapie
  • L’existence d’au moins trois maladies chroniques
  • Le cancer du sein
  • Maladie de Crohn par la malabsorption du calcium
  • Déficiences de l’appareil locomoteur.

Les manifestations cliniques de l’ostéoporose

La fragilité osseuse occasionne souvent des douleurs diffuses aux hanches et le long de la colonne vertébrale. Parfois le simple fait de recevoir une poignée de main de manière un peu ferme est sensible. En dehors de ces phénomènes d’endolorissement diffus du corps, on peut noter une voussure ou une diminution de taille dues à des tassements vertébraux étagés. Cela peut entraîner un rapetissement de la taille de plusieurs centimètres. Parfois le tassement vertébral peut être bruyant sur le mode d’une fracture vertébrale mais survenant pour un traumatisme minime. Il s’agit alors d’une véritable fracture par insuffisance osseuse.

Nous parlerons du traitement dans la deuxième partie du sujet de l’insuffisance osseuse.

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