L’ARTHROSE

L’objectif de ce propos est d’informer sur l’arthrose, cette pathologie si fréquente dans la population. Elle est souvent à l’origine des douleurs chroniques de l’appareil locomoteur qui motivent une consultation chez le médecin rhumatologue et / ou le chirurgien orthopédiste. De quoi s’agit-il ? Pour le comprendre au mieux sans jargon médical, il faut montrer ce qu’est une articulation, site d’atteinte de cette pathologie.

Une articulation est la structure de jonction de deux ou plusieurs os. Elle regroupe les extrémités osseuses recouvertes de cartilage baignant dans un film visqueux au sein d’une cavité entourée de ce qu’on appelle la capsule articulaire. L’intérieur de la capsule articulaire est tapissé de la membrane synoviale qui secrète le liquide articulaire qui est visqueux à l’état normal. Cette capsule, associée aux ligaments et aux tendons des muscles autour de l’articulation, évite le déboîtement des extrémités osseuses lors des mouvements. L’arthrose par définition est l’usure (primitive ou secondaire à une autre lésion) du cartilage articulaire. C’est ce qu’on observe lorsqu’on ouvre une articulation atteinte d’arthrose. En fonction de l’articulation qui est touchée, des noms spécifiques désignent la pathologie. Ainsi, on parlera de gonarthrose pour le genou, de coxarthrose pour la hanche, de discarthrose pour le disque intervertébral, de cervicarthrose pour le cou, de lombarthrose pour le rachis lombaire, d’omarthrose pour l’épaule, de rhizarthrose pour la base du pouce au poignet…

Les causes : Il existe ce qu’on appelle une arthrose primitive et une arthrose secondaire.

Dans une arthrose primitive, nous ne sommes pas égaux devant cette pathologie, la première cause est liée au vieillissement avec le temps qui « use » les articulations de l’organisme. Dans ce cas les lésions apparaissent selon les individus et le type d’activité exercée dans la vie autour de 60 à 70 ans. L’arthrose peut être précipitée et aggravée par un un excès de poids de même que l’inactivité dans le cas des membres inférieurs.

Dans l’arthrose secondaire, une anomalie de naissance peut être un facteur de risque. Ainsi, pour la hanche, un défaut du cotyle, ce qu’on appelle une dysplasie, une luxation congénitale de hanche mal soignée ou ayant laissé des séquelles, une ostéochondrite primitive de hanche, une épiphysiolyse (un déplacement de la tête du fémur à l’adolescence)…peuvent en être la cause. Au niveau du genou, un défaut d’axe comme les jambes en X ou entre parenthèses, de même que certaines maladies ostéoarticulaires africaines déformantes peuvent être à l’origine de l’arthrose. C’est le cas de la maladie dite de Blount. Les autres causes sont constituées par les séquelles traumatiques intra ou extra articulaires, les séquelles d’infections ostéoarticulaires, les séquelles de rhumatismes chroniques inflammatoires ou dus à des cristaux (la goutte et la chondrocalcinose).

Sur le plan clinique, la manifestation essentielle est la douleur qui survient surtout à l’effort dans les formes classiques, disparaissant au repos en tout cas au début. Cela entraîne une diminution des possibilités physiques avec une réduction de la distance que le patient peut parcourir d’un seul trait. C’est ce qu’on appelle le « périmètre de marche ». Il s’y associe une réduction des amplitudes articulaires de même qu’à la longue une attitude vicieuse souvent en semi flexion pour le genou et la hanche. Il peut survenir ce qu’on appelle une poussée congestive avec un gonflement de l’articulation touchée dû à un épanchement de liquide articulaire et dans ce cas les douleurs peuvent devenir permanentes même au repos avec parfois des signes généraux pseudo infectieux.

Dans la plupart des cas, une radiographie simple permet de confirmer le diagnostic.

Pour le membre inférieur, le signe principal à savoir une diminution de hauteur de l’espace normal entre les extrémités osseuses peut être accentué par des clichés réalisés en charge, le patient étant debout. Cela s’appelle le pincement de l’interligne articulaire. En dehors de cela, on observe une densification anormale de l’os en dessous de l’usure cartilagineuse. S’y associent des ostéophytes que sont les fameux « becs de perroquet » sur les berges de l’usure de même que des trous dans les extrémités osseuses, c’est ce qu’on appelle des géodes.

A ne pas confondre avec une arthrose :

Toutes les douleurs articulaires ne sont pas des arthroses bien évidemment. Il faut donc différentier une arthrite due à une infection, à une goutte ou à un rhumatisme. Egalement, une nécrose osseuse quelle que soit son origine, drépanocytaire ou autre ; une fracture de fatigue, un tassement ostéoporotique…Il ne faut pas confondre également une tendinite, une sciatique, une douleur d’origine vasculaire, une métastase osseuse peut en prendre un masque capricieux.

Traitement

Le traitement dispose d’un arsenal multiple qu’on peut regrouper en deux grands groupes : le traitement chirurgical et le traitement non chirurgical.

Le traitement non chirurgical comporte : les médicaments par voie générale (cachets ou injectables), par voie locale (infiltration de corticoïdes ou la viscosupplémentation ou visco-induction) et la médecine physique et réadaptation fonctionnelle.

Les médicaments consistent en des antidouleurs et anti inflammatoires non stéroïdiens, parfois une injection sur une courte durée de corticoïdes pour faire passer les crises aiguës. Une classe particulière est constituée par la chondroïtine sulfate (vendue sous les noms commerciaux de Structum® et Chondrsulf®), réputée comme inhibitrice de la dégradation du cartilage articulaire. Les infiltrations sont des injections de corticoïdes directement dans l’articulation douloureuse. La viscosupplémentation ou visco-induction est un traitement relativement nouveau et consiste en des injections dans l’articulation arthrosique de liquide articulaire visqueux de synthèse. En général trois injections à une semaine d’intervalle sont réalisées. Des préparations mono dose à injection unique sont apparues sur le marché. La médecine physique utilise des ondes électromagnétiques, de la physiothérapie et des techniques d’amélioration des amplitudes articulaires. Un régime amaigrissant a un effet sur la souffrance au niveau des membres inférieurs.

Le traitement chirurgical comporte : le débridement articulaire avec lavage par vidéochirurgie (arthroscopie) notamment pour le genou, la cheville et le coude, les corrections des défauts d’axes par ostéotomie et en dernier recours la chirurgie prothétique.

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