Devant les difficultés économiques du système actuel en faillite, des économies sont recherchées sur le train de vie de la société. La culture en a payé du gel des projets initiés en France par exemple sous le gouvernement précédent pour un montant total de plus d’un milliard d’Euros. Ce n’est certainement pas le moment de faire une nouvelle réplique de la fameuse grotte de Lascaut !
Cela fait des années que des coupes sont réalisées dans le budget de la Santé. Ainsi certaines affections au long cours comme l’hypertension artérielle sont retirées de la fameuse liste des ALD 30 qui donnait droit à une prise en charge à 100%. Les temps durs obligent. Un brûlot de deux Professeurs de Médecine de renommée vient de sortir le 13 septembre 2012. Il s’agit des Pr. Philippe Even et Bernard Debré. Ils auraient passé en revue 4000 médicaments. Leur sentence est sévère. Au moins 2000 des médicaments utilisés en France seraient inutiles voire dangereux. Inutile de dire que c’est du pain béni pour les pouvoirs publics en matière d’économie de santé. En attendant un prochain article critique sur la méthode de travail, nous nous permettons d’émettre ici une opinion sur l’histoire des acquis de l’humanité en matière de pharmacologie.
A l’étude des différentes molécules utilisées en médecine, peu de véritables innovations ont été réalisées depuis que la grande finance s’est emparée de ce qu’il est convenu d’appeler « l’industrie pharmaceutique ». Selon le Pr. Philippe Even, cette dernière est l’industrie la moins scrupuleuse et la moins éthique qui soit. Peu de véritables innovations, car en dehors des antibiotiques et des hormones par génie génétique, aucune classe médicamenteuse ne s’est ajoutée à ce qui existait depuis le début de la médecine dans les plus anciennes civilisations. En effet, les 4000 molécules se résument à deux grandes classes que sont les alcaloïdes et le reste des antibiotiques en sachant que des substances étaient déjà utilisées dans l’antiquité contre les lésions purulentes, au moins par voie locale sous forme d’antiseptiques.
Dans la grande famille des alcaloïdes, presque tous étaient connus depuis la nuit des temps. Ainsi, l’aspirine qui est la plus connue, était extraite de l’écorce de saule et on peut même en trouver la trace documentée dans le papyrus d’Ebers (cf. les origines africaines de la médecine) qui est une copie de recettes plus anciennes reprises dans ce papyrus du deuxième millénaire avant notre ère. La plupart des alcaloïdes sont extraits de plantes (saule, quinquina, pavot, iboga, café, cola…), de champignons (ergot de seigle par exemple) ou d’animaux. Le terme alcaloïde provient du latin alcalix emprunté à l’arabe « al qaly » (NB : al qaïda voudrait dire la base), leur nature de bases en opposition aux acides sera confirmée par Sertürner en 1817 en obtenant du sel et de l’eau lorsqu’il fait réagir la morphine avec de l’acide. Leurs noms proviennent souvent de la plante ou de l’animal dont ils ont été extraits.
En dehors de l’aspirine, l’ergotamine remonte également aux temps antiques avec des mentions de ses effets dans les poèmes d’Homère. Au moyen âge européen, les intoxications chroniques dues à la consommation de pain de seigle infesté de l’ergot, étaient responsables du mal des ardents et du feu de Saint Antoine dont les victimes des effets vasoconstricteurs conduisant à la perte des doigts et des orteils étaient assimilés à de la sorcellerie.
Le reste des alcaloïdes comportent les stupéfiants (héroïne) et opiacés antidouleur comme la morphine et la codéine, les vaso actifs, les psychotropes (antidépresseurs, hypnotiques, hallucinogènes), les antipaludéens (quinine), les anticancéreux (vinblastine), les poisons comme la strychnine…
Le problème de l’industrie, c’est de vouloir faire des profits même avec ce qui ne peut l’être et qui relève du patrimoine de l’humanité. C’est ainsi que la logique mercantiliste et de marketing tripatouille du vieux pour en faire une « nouveauté thérapeutique ». On comprend ainsi pourquoi de quelques molécules cardinales, on en arrive à 4000 médicaments dont la moitié est faite de poudre de perlimpinpin pouvant constituer en soi un danger occasionnant des maladies dites iatrogènes (iatros = médecin).
Quel est le fond du business ? Lorsque l’on considère une molécule, seule une partie constituée de quelques atomes est active, le reste est ce qu’on appelle le radical. En utilisant mille radicaux différents, une même molécule peut avoir mille copies ayant le même effet. C’est la clé du business des fabricants de médicaments. Depuis des décennies, l’industrie pharmaceutique ne découvre plus rien mais a besoin de croissance de ses chiffres d’affaires pour satisfaire les fonds de pension et autres actionnaires. Ainsi, un marketing agressif est orchestré auprès des consommateurs via les médecins prescripteurs. Tout se passe comme si l’industrie pharmaceutique n’avait rien à vendre mais se force de vendre quand même. Au moins l’industrie automobile a des gadgets à proposer pour justifier ses prix. Jusqu’alors, une certaine complicité était de mise avec les pouvoirs publics car cela crée des emplois mais maintenant qu’il y a crise, il faut s’attendre à un divorce difficile dont les milliers d’employés de l’une des industries les plus lucratives du monde feront les frais.
A suivre…
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